Non, le silence n’est pas obligatoire pour apprendre ! La représentation traditionnelle des élèves qui écoutent le maître dans le calme, c’est fini !
Aujourd’hui, les séquences de pédagogies actives alternent mobilité, interactions et moments plus calmes.
Tout ceci entraîne des variations du volume sonore de la classe avec lesquels l’enseignant doit composer et apprendre à réguler.
Le point sur la situation avec Edwige Coureau-Falquerho, Chargée de veille et de projets chez Institut Français de l’Education – ENS de Lyon
Comprendre les séquences pédagogiques
La régulation du volume sonore est liée aux différentes formes et pratiques pédagogiques.
Les séances de pédagogies actives alternent :
- un travail actif et collaboratif durant lequel les élèves travaillent ensemble
- des actes d’enseignement précis tels que transmettre une consigne, synthétiser ou reformuler, moments durant lesquels les élèves sont immobiles et concentrés.
Un cadre sonore
Il s’agit d’établir un cadre de volume sonore qui s’adapte aux situations. Il implique, suivant les moments, la possibilité de faire du bruit ou non. Cette gestion du bruit relève d’une responsabilité partagée enseignant et élève.
Mettre en place un cadre sonore vise à ne pas vivre le bruit comme une pollution, mais comme participant à la situation didactique.
À certains moments, le bruit peut être un vecteur d’apprentissage voire un signe d’engagement dans l’apprentissage. À d’autres, c’est un distracteur attentionnel.
Il faut penser la possibilité de s’extraire d’une séquence ou d’une interaction orale.
Comprendre le fonctionnement du cerveau face au bruit
L’enseignant doit être formé et conscient des mécanismes de concentration.
Tout ceci soulève la question des sensibilités individuelles au bruit.
Effectivement, pour certains, moins sensibles au brouhaha, celui-ci ne provoque aucune gêne, voire même préserve la concentration. Tandis que d’autres peuvent être perturbés par le bruit dans une situation d’apprentissage.
Le confort acoustique dans les établissements scolaires
Une attention de plus en plus forte est portée au confort acoustique dans les établissements scolaires. L’objectif est de dimensionner les investissements acoustiques au juste besoin en s’appuyant, par activités d’apprentissage, sur une analyse des comportements à favoriser, des usages et des espaces dédiés.
Le flux sonore varie en fonction des usages réels, qui sont parfois différents de ceux imaginés.
Cette démarche implique de différencier les espaces suivant les usages : salle de classe, CDI, couloir, salle de travail en autonomie.
Le bruit et l’ambiance sonore témoignent d’un ressenti du climat scolaire. Par exemple, le bruit peut indiquer une difficulté : une classe en pagaille, etc. ou au contraire un engagement dans l’apprentissage ou les activités pédagogiques. Par essence, un établissement scolaire est vivant, donc animé.
S’offrir des moments de récupération
Comme le souligne Franck Fumey, le bruit est une question de sensibilité individuelle. En revanche, le point commun, c’est l’accumulation et la saturation auditive sur une journée en fonction des situations. Ceci a un impact sur la performance intellectuelle.
Les points d’attention :
- traiter les espaces individuellement en fonction de leurs enjeux
- réfléchir en termes d’ambiance sonore et de confort acoustique plus qu’en termes d’équipement
Pour une pédagogie plus active
Il est nécessaire de dépasser une vision dans laquelle le bruit est un perturbateur, pour envisager la perception sonore comme un atout dans la pratique pédagogique et dans le bon fonctionnement d’un établissement scolaire.
Tout un volet de réflexion s’ouvre pour définir des situations durant lesquelles le bruit a toute sa place et comment les articuler avec des mécanismes d‘apprentissage
À l’échelle d’un établissement scolaire, ceci va avoir un impact sur sa conception et sa rénovation. Penser le réaménagement des espaces vise à atteindre idéalement un équilibre sonore naturel.
Cet équilibre sonore est un paramètre à approfondir au-delà de la réglementation en vigueur pour contribuer à une pédagogie plus active.
Ces réflexions font suite à un atelier tenu en mai 2021, sur la régulation du bruit dans les établissements scolaires. Son objectif : croiser des points de vue et des expertises allant des conditions de travail et d’apprentissage aux dimensions techniques.
Plusieurs experts ont participé à cet échange ;
- Caroline Aiello-Brottet, enseignante en SVT
- Sylvain Connac, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation
- Edwige Coureau-Falquerho, Chargée de veille et de projets chez Institut Français de l’Education – ENS de Lyon
- Franck Fumey, dirigeant-fondateur de Continuum solutions acoustiques
- Véronique Richalet, directrice de projet Innovation et Performance au Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes
- Pierre Ronchail, proviseur du lycée Dr Charles Mérieux